#137 - 24/12/2015 - (Comme un légo !...)


C'est un grand terrain de nulle part 
Avec de belles poignées d'argent 
La lunette d'un microscope 
Et tous ces petits êtres qui courent 

Car chacun vaque à son destin 
Petits ou grands 
Comme durant les siècles égyptiens 
Péniblement... 

A porter mille fois son poids sur lui 
Sous la chaleur et dans le vent 
Dans le soleil ou dans la nuit 
Voyez-vous ces êtres vivants ? 
Voyez-vous ces êtres vivants ? 
Voyez-vous ces êtres vivants ? 

Quelqu'un a inventé ce jeu
Terrible, cruel, captivant 
Les maisons, les lacs, les continents 
Comme un légo avec du vent... 

La faiblesse des tout-puissants 
Comme un légo avec du sang 
La force décuplée des perdants 
Comme un légo avec des dents 
Comme un légo avec des mains 
Comme un légo... 

Voyez-vous tous ces humains 
Danser ensemble à se donner la main 
S'embrasser dans le noir à cheveux blonds 
A ne pas voir demain comme ils seront... 

Car si la Terre est ronde 
Et qu'ils s'agrippent 
Au-delà, c'est le vide 


Assis devant le restant d'une portion de frites 
Noir sidéral et quelques plats d'amibes 
Les capitales sont toutes les mêmes devenues 

Aux facettes d'un même miroir 
Vêtues d'acier, vêtues de noir 
Comme un légo mais sans mémoire 
Comme un légo mais sans mémoire 
Comme un légo mais sans mémoire…


Alain Bashung (1947- 2009)...